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12 septembre 2009

PHENIX à la retraite

Le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et EDF ont officiellement mis un terme, samedi, à l'exploitation du réacteur nucléaire Phénix sur le site de Marcoule (Gard), le réacteur étant promis dorénavant au démantèlement après 35 ans de carrière. Prototype d'une filière dite "à neutrons rapides", Phénix, un réacteur de 250 mégawatts, avait été découplé du réseau EDF en mars, après avoir produit quelque 26 milliards de kilowatts/heure en 35 ans.

Outil de recherche, Phénix continuera toutefois à fonctionner jusqu'à la fin de l'année dans le cadre d'une campagne scientifique, avant que ne commence, à partir de 2012, son démantèlement qui devrait s'étaler sur une quinzaine d'années. Phénix a marqué une page de la recherche nucléaire française car ce réacteur était le prototype d'un concept de "surgénérateur" lancé en France dans les années 70, fonctionnant selon une technique radicalement différente de celle employée dans les autres réacteurs nucléaires français. Au lieu d'utiliser l'uranium 235 comme combustible et l'eau pressurisée comme liquide caloporteur, c'est-à-dire destiné à récupérer la chaleur, le surgénérateur utilisait l'uranium et le plutonium comme combustibles et le sodium comme liquide caloporteur.

Avec le surgénérateur, on « multipliait par 50 les ressources extractibles en termes d'énergie du minerai d'uranium », explique « en schématisant » le directeur du CEA Marcoule, Christian Bonnet. Par ailleurs, l'objectif du surgénérateur était, par réaction physique, de produire plus de combustible qu'il n'en consommait.

Dans les années 90, Phénix a aussi servi "à démontrer la capacité à incinérer les déchets radioactifs les plus dangereux, un phénomène appelé la transmutation", assure le CEA. Phénix allait déboucher sur un programme ambitieux, promis à devenir le fleuron de l'industrie nucléaire française: le réacteur Super Phénix, dont la construction sur le site de Creys-Malville (Isère) allait être combattue avec force par les antinucléaires et les mouvements écologiques. Finalement, en 1997, après 20 ans de polémiques, Super Phénix, dont la vie a été émaillée de nombreux incidents techniques, devait être arrêté par le Premier ministre Lionel Jospin. "Sacrifié", commente plutôt Christian Bonnet, "sur l'autel d'un accord électoral" entre M. Jospin et les Verts.

La fin de carrière de Phénix « ne fera pas verser de larmes au réseau "Sortir du nucléaire" », a déclaré Pierre Péguin, un de ses porte-parole. « Cette filière à neutrons rapide, c'est l'enfant chéri du CEA qui a toujours cherché à (la) développer ». Mais « le plutonium auto-fabriqué, c'est la substance la plus dangereuse que l'activité humaine a générée », assure Pierre Péguin. Selon lui, « le sodium liquide a la propriété de s'enflammer au contact de l'air et de l'eau. On s'inquiète maintenant, car l'Etat a chargé le CEA de bâtir un réacteur dit de quatrième génération qui va s'appuyer sur la même filière ».

L'objectif de la France est de disposer d'un prototype d'un tel réacteur de quatrième génération à l'horizon 2020. Le type de filière retenu n'a pas encore été annoncé. Mais à Marcoule, on met en avant l'expérience acquise sur la filière neutrons rapides. « On va essayer de travailler pour que le site de Marcoule soit retenu pour l'implantation du prototype », déclare Christian Bonnet.

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